Oh ! Quelque soit l’hôte habitant cette maison,
ouvrez moi la porte!
Je meurs de froid, de faim à votre seuil.
L’hiver m’a tout pris, l’abri, la nourriture,
plus de fruits aux buissons,
plus d’ombre à leur ramure,
et personne ne veut m'accueillir
S'il vous plaît par pitié !
J’ai bien faim, et puis mes pauvres pieds ne sont que blessures.
J’ai tant marché.
J'ai grand sommeil!
Je vais mourir hélas !
Si vous ne voulez pas ouvrir votre porte.
Mon coeur pleure de peur et de chagrin.
Je suis nostalgique
Je rêve à la douce chaleur du beau soleil d’été
qui me réchauffe le cœur, les jardins fleuris,
je sens leur doux parfum, j’entends la chanson de la plaine,
que mes amis m’offrent en concert de leurs joyeux cris.
Heureuse, j’oublie la saison mauvaise d'hivers Car je suis née aux beaux rayons du soleil, dans un pays lointain
Où je n’ai jamais eu que du ciel sur ma tête.
On ne m’a rien appris
et je ne sais pas le travail. Mais j’ai toujours connu la beauté du printemps et la chaleur d'été,
et puis le soir venu, la fraicheur et les perles de rosées dorées de la nuit étoilée.
Le matin, j’admire les jardins emperlés,
j’écoute les oiseaux cachés dans les buissons et j’imite aussi bien leur chanson.
Je sais parler à tout,
à l’abri de ceux qui se passent,
aux fils blancs de la vierge accrochés dans l’espace, aux rayons éblouïssants du soleil,
à la source des bois, à la fleur,
aux sourires et aux larmes,
quelques fois aux parfums du printemps, aux tristesses d’automne à tout ce qui respire,
tout ce qui frissonne,
à l’humble brun de mousse,
aux grands chênes vainqueurs
et donnant ma chanson, je donne tout mon cœur, je sais aimer.
Je crois parfois que l’on est libre comme l’oiseau des bois
Je crois en mangeant le pain, gagner par dur labeur incessant,
avoir la vision de blés d’or dans la plaine
et moduler au bruit de leurs vagues un chant.
Je peux rêver, sourire, aimer en travaillant !
Oh ! Oui je peux faire tout cela!
Au lieu de me laisser partir,
ouvre moi votre porte!
S'il vous plait! Faites moi place en votre chaud demeure !
Vous avez le soleil, le printemps
qui demeurent par mes chansons,
par mon amour, je réchaufferai votre coeur et je sèmerai chez vous l'or de la poésie.
Marguerite voltaire